Notre histoire

(…) Dans n’importe quel couple il y a toujours des moments où l’irruption de l’autre ou de l’altérité te fait peur ou t’émerveille. Et Notre histoire, c’est cette histoire là. Une histoire totalement personnelle, et qui en même temps peut toucher n’importe quel couple confronté aux affres de la mixité, à ce qui nous est étranger, au regard sur l’autre. Comment tu dépasses l’histoire avec un grand H, ensemble ? Comment tu réinventes ? Et comment l’enfant t’aide à te réinventer ? Parce que l’enfant te demande d’où tu viens, et ce qui te constitue.

(…) Pour écrire le spectacle, on s’est interviewé mutuellement. On s’engueule beaucoup ! Et on se marre… Parfois… Et on a enquêté. Stéphane a été voir sa famille pour savoir ce que c’était que d’être Juif. On a aussi fait des entretiens imaginaires, on a parlé avec les morts : les grand-pères de Jana, celui du côté tchèque, qui a été déporté à Dachau et celui du côté allemand, qui était un ancien Nazi. C’est comme ça qu’on est allés vers la fiction. Il y a aussi des séquences écrites comme dans un scénario. Il y a des extraits de films qu’on s’est appropriés. Et on s’amuse à réimproviser à l’intérieur, tout le temps. On est dans une écriture de plateau.

On glisse tout le temps, du vrai au faux, d’un rêve à un souvenir réel, de la petite histoire à la grande Histoire… C’est ce frottement du théâtre documentaire avec la fiction qui est passionnant, et nous semble indispensable aujourd’hui. Mais c’est aussi un certain rapport naïf, et burlesque, qui a à voir avec la perte de repères de l’interprète, et notre étonnement devant ce qu’on est en train d’expérimenter avec les spectateurs. (…)

Jana Klein et Stéphane Schoukroun